"Madame Amada, bonjour, s'élance une voix de femme juvénile et enthousiaste sans me laisser le temps d'en placer une, je m'appelle Truque Muche (nom oublié), du service qualité des Grandes Assurances de France (GAF). Je me permets de vous appeler pour une petite enquête de satisfaction. Puis-je vous…
Service qualité ? Satisfaction ? GAF ? Ah ouais ?!
- Où puis-je rappeler ? je m'enquiers illico.
- Ah, heu, c'est-à-dire que non. Moi je ne suis que….
- Ok, mais il y a bien une direction ? coupé-je
- Ah, oui, mais moi je ne peux…
- Vous m'appelez de la part des GAF sans pouvoir me donner un téléphone ?
- Ben, heu, oui… Je ne suis qu'une collaboratrice du…
"Collaboratrice"... Un terme assez pompeux tout de même. Mais pour pour désigner quoi - employée, intérimaire, emploi aidé ? Enfin, bref, soit je réponds là, comme ça, soit on raccroche et point barre. Vu mes démêlés avec les GAF, répondre me tente assez.
Tant pis si c'est un gag.
- D'accord, d'accord… Allez-y, posez-moi vos questions, m'entends-je embrayer.
- Ah. Merci madame de m'accorder un peu de votre temps. Ce ne sera pas long. Première question : si vous pouviez mettre une note de 1 à 10 concernant la banque, quelle note lui donneriez vous ?
- 1, réponds-je sincère.
Il y a eu un petit silence qui s'est finalement révélé interloqué.
- 1 ? ! Vous n'êtes pas satisfaite ?
Moi : non.
Autre petit silence.
- Cela vous embêterait qu'on vous rappelle, à quelle heure êtes-vous disponible ?
Moi : à ces heures-ci.
- Très bien, un collègue va vous rappeler. Merci de votre coopération.
Et cloc ! Raccroché !
C'est pas un peu dingue ?
Evidemment, personne n'a jamais rappelé.
Alors quoi ? Enquête de satisfaction visant à éliminer les insatisfaits? Ou bien ce n'étaient pas les GAF ? Ou bien les GAF voulaient savoir jusqu'où j'irais l'air de rien...
Impossible de clarifier, "on" a mon téléphone, "on" m'interroge, mais pas question que j'en fasse de même... Toi faire ce que moi je dis !
Et si toi pas répondre correctement j'appelle UN collègue ! Un MEC quoi. Dans le monde très féminin des "voix" enregistrée ou non qui nous envahissent de tous côtés, une exception, non ?
Je considère depuis longtemps que notre société est de plus en plus incestueuse. C'est incomplet : elle est aussi et corrélativement de plus en plus infantilisante... Alors si vous êtres psychologiquement mature allez vous faire voir ! "Stop, stop m'interrompt ma petite sagesse, ce genre de réflexions c'est c'est pour le laboratoire d'Amada !" Elle a raison. Fin de la remarque. Retour aux faits.
3 jours plus tard, une machine (voix de femme) me laisse un message sur mon portable en me demandant de rappeler le 80 quelque chose pour Gaule Pigeons Voyageurs. Vu le délicat transfert de mes abonnements vers les Lutins, je le fais. A contre-cœur je dois dire.
Et bien je n'ai pas regretté ! Je tombe sur une voix enregistrée (de femme comme d'hab) qui commence à me poser une série de questions incroyables, sur un ton neutre, du style : "Vous souvenez-vous avoir appelé le service après-vente le tant du mois de mars ?"
Le tant du mois de mars ? Parce que vous souvenez, vous de la date et de l'heure de vos appels ? Moi non.
Bon, je réponds oui, pour voir.
"Avez-vous été satisfaite par la réponse du conseiller ? "
Mais comment répondre à une question aussi ambiguë ? La réponse du conseiller ou la réponse à mon problème ?
Je lui ai finalement parlé comme à un interlocuteur normal, je veux dire vivant, en chair et en os, en prenant tout mon temps. Surprise : elle ne m'a pas interrompue et ne s'est remise à "parler" qu'une fois que je me suis tue…
Vous savez quoi ? Le doute m'a pris. Et si c'était une voix de vivant imitant une voix enregistrée ? Et si mes réponses étaient enregistrées pour je ne sais quel usage ?Qu'est-ce que j'en sais ?
Et, au fait, combien ça m'a coûté cette blague ? (Faudra que je me renseigne mais, là, tout de suite, j'ai autre chose à foutre que d'y perdre mon temps...)
Nulle part.
Alors un guichet ?
Oui, oui, répond mon interlocutrice d'un ton plus que dubitatif, dans les boutiques Machin-Chose.
- Et bien voilà ! ai-je répondu (sophronique évidemment). J'irai me renseigner, si cela me dit, un de ces quatre…
-Oui, mais si vous voulez bénéficier de l'offre, c'est maintenant.
Maintenant ? Sans savoir à qui j'ai affaire ? Sans pouvoir lire le contrat ? Sans téléphone ou rappeler ? Non merci.
Mais qu'est-ce que c'est que ces pratiques ?
Non. Quand j'aurais déménagé et réglé la paperasse... "N'y pense pas ! N'y pense pas à c'te paperasse, ça te déprime !" me coupe ma petite sagesse intérieure. C'est vrai.
Oh et puis flûte, allez - zou !- by ! Extinction de l'ordi, coupage du portable et sortie loin du fixe...
Parce que, sinon, on vous traque chez vous, on vous donne des ordres chez vous. Au secours je suis harcelée par une machine !