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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 14:57
Platon éclaire le type de "démocratie" qui est sourdement le nôtre. 
Cet extrait de La république (VIII) écrit il y a près de 2500 ans décrit de façon simple, et fort actuelle me semble-t-il, comment se comporte une oligarchie financière. 
Mis en ligne en janvier 2010, je remets en avant ce texte toujours d'actualité en ce 25/02/2011
Je remercie le site "L'Antiquité grecque et latine" pour la publication en ligne des œuvres de Platon. 

Bonne lecture.




Socrate: Ainsi, dans les oligarchies, les chefs, par leur négligence et les facilités qu'ils accordent au libertinage, réduisent parfois à l'indigence des hommes bien nés. 
- Certainement.
S: Et voilà, ce me semble, établis dans les cités des gens pourvus d'aiguillons et bien armés, les uns accablés de dettes, les autres d'infamie, les autres des deux à la fois : pleins de haine pour ceux qui ont acquis leurs biens, ils complotent contre eux et contre le reste des citoyens, et désirent vivement une révolution.
- C'est exact.
S : Cependant les usuriers vont tête baissée, sans paraître voir leurs victimes; ils blessent de leur argent quiconque leur donne prise parmi les autres citoyens, et, tout en multipliant les intérêts de leur capital, ils font pulluler dans la cité la race du frelon et du mendiant.
- Comment, en effet, en serait-il autrement?
S : Et le sinistre une fois allumé, ils ne veulent l'éteindre ni de la manière que nous avons dite, en empêchant les particuliers de disposer de leurs biens à leur fantaisie, ni de cette autre manière : en faisant une loi qui supprime de tels abus.
- Quelle loi?
S : Une loi qui viendrait après celle contre les dissipateurs et qui obligerait les citoyens à être honnêtes; car si le législateur ordonnait que les transactions volontaires se fissent en général aux risques du prêteur, on s'enrichirait avec moins d'impudence dans la cité, et moins de ces maux y naîtraient, dont nous parlions tout à l'heure.
- Beaucoup moins, dit-il.
S : Tandis que maintenant les gouvernants, par leur conduite, réduisent les gouvernés à cette triste situation. Et pour ce qui est d'eux-mêmes et de leurs fils, est-ce que ces jeunes gens ne sont pas dissolus, sans force dans les exercices physiques et intellectuels, mous et incapables de résister soit au plaisir, soit à la douleur? 
- Sans contredit.
S : Et eux-mêmes, uniquement préoccupés de s'enrichir et négligeant tout le reste, se mettront-ils plus en peine que les pauvres de la vertu?
- Non pas.
S : Or, en de telles dispositions, lorsque les gouvernants et les gouvernés se trouvent ensemble, en voyage ou dans quelque autre rencontre, dans une théorie, à l'armée, sur mer ou sur terre, et qu'ils s'observent mutuellement dans les occasions périlleuses, ce ne sont pas les pauvres qui sont méprisés par Ies riches; souvent au contraire quand un pauvre maigre et brûlé de soleil se trouve posté dans la mêlée à côté d'un riche nourri à l'ombre et surchargé de graisse, et le voit tout essoufflé et embarrassé, ne crois-tu pas qu'il se dit à lui-même que ces gens-là ne doivent leurs richesses qu'à la lâcheté des pauvres? Et quand ceux-ci se rencontrent entre eux, ne se disent-ils pas les uns aux autres : « Ces hommes sont à notre merci, car ils ne sont bons à rien. »?
- Je suis persuadé, dit-il, qu'ils pensent et parlent de la sorte.
S : Or donc, comme il suffit à un corps débile d'un petit choc venu du dehors pour tomber malade, que parfois même le désordre s'y manifeste sans cause extérieure, pareillement n'est-il pas vrai qu'une cité, dans une situation analogue, est atteinte par le mal et se déchire elle-même pour un futile prétexte, l'un ou l'autre des partis ayant demandé secours à un État oligarchique ou démocratique ? et parfois même la discorde n'y éclate-t-elle pas sans intervention étrangère?
- Si, certainement.
S : Eh bien ! à mon avis, la démocratie apparaît lorsque les pauvres, ayant remporté la victoire sur les riches, massacrent les uns, bannissent les autres, et partagent également avec ceux qui restent le gouvernement et les charges publiques; et le plus souvent ces charges sont tirées au sort.
- C'est bien ainsi, en effet, que s'établit la démocratie, soit par la voie des armes, soit par la crainte qui oblige les riches à se retirer.
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commentaires

M
<br /> 25 000 ah ouais d'accord!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Bonjour Manuzinho,<br />  merci de m'avoir signalé cette coquille ! Je corrige tout de suite.<br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog d'Amada
  • : Un regard ethnologique et artistique sur les dysfonctionnements quotidiens en France, comme par exemple l'emprise dérégulant des hots-lines, les incessantes trangressions des règles, les solutions bloquées par la rigidité idiote des catégories administratives. Bref les raisons de la lassitude et de la passivité politique des Français.
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La "dérégulation", une histoire lointaine ?
 Non. C'est au quotidien qu'elle s'impose !

De nouvelles pratiques sociales — notamment les hot-lines et les centres d'appels, ou l'usage administratif et commercial d'Internet, pour ne parler que d'elles — sont subrepticement devenues sources d'une multitude d'abus de pouvoir relativement invisibles, d'illégalités sourdes, d'arnaques silencieuses.

Ces "minuscules" dysfonctionnements génèrent un "aquabonisme" de plus en plus massif, une lassitude généralisée... Et, en ce domaine, la réalité dépasse souvent la fiction. 
Histoire de faire sauter les langues idiotes qui, bien souvent, soutiennent en choeur les imbécillités, les incohérences et le cynisme ambiant de cette "dérégulation" :

 - Les déboires d'Amada" racontent des faits significatifs. 
 - Le laboratoire d'Amada  présente des esquisses théoriques tirées pour la plupart des premiers (textes déposés). 
- AmadO's blues : un de mes amis s'agace avec moi de la confusion mentale généralisée. Je lui ai ouvert mon blog.
- Les articles Michaël Jackson sont des tentatives pour éclairer certains pans de nos sociétés  médiatiquement orchestrées (textes déposés.).
- Plus quelques notules, quelques textes fondateurs et des liens...

Bonne lecture !

A signaler

Argent, dette, intérêts : ouvrir les yeux !  
A.J.Holbeq: 150 millions par jour pour les seuls intérêts de la dette en France . Faits et chiffres à propos de ce racket
 

Une façon critique jubilatoire de lire le monde : Celle de P. Reymond.

Et vu du ciel astrologique, ça donne quoi ?

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Avril 2011 :Destruction herboristerie, phytothérapie, semences traditionnelles par l'UE.
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