Un regard ethnologique et artistique sur les dysfonctionnements quotidiens en France, comme par exemple l'emprise dérégulant des hots-lines, les incessantes trangressions des règles, les solutions bloquées par la rigidité idiote des catégories administratives. Bref les raisons de la lassitude et de la passivité politique des Français.
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Pour rappel (cf intro) : le thème de cet article n'est ni Michaël Jackson en tant que tel, ni la société "ordinaire", mais le miroir que le personnage Michaël Jackson tend à notre société médiatiquement orchestrée. (Afin de ne pas submerger ce texte de références je renvoie, pour Michaël Jackson, aux sources exposées en abondance sur le web ; pour le fond, aux œuvres d'Hannah Arendt, Norbert Elias, René Girard, Peter Sloterdijk et Paul Virilio).
Ce troisième chapitre de la deuxième partie de notre étude est présenté en trois grands sous-chapitres.
A- La pédophilie post-moderne comme expression du refoulé
B- La pédophilie post moderne comme adhésion au médiatique
C - Petite plongée dans les arcanes de la trinité "sexe, innocence et sérial violeurs" qui domine nos fictions policières.
— 2.3 —
Une société pédophile : entre culpabilité et innocence
Que demandent nos sociétés à ces mannequins dont elles ne cessent de brandir l'image, et qu'elle veut de plus en plus jeunes, si ce n'est d'être de "parfaits objets du désir" ?
Or ces corps jeunes érigés en objets idéaux du désir, ne sont-ils pas aussi et conjointement ceux que leurs aînés ont voulu habituer, en somme former, à une sexualité décomplexée ?
A force d'imposer le sexe partout, d'en exposer, vanter, détailler, débattre et décrire les techniques les plus crues n'a-t-on pas volé leur "innocence" — c'est-à-dire leur cœur—, à nombre de générations sous prétexte de "lever des tabous périmés" — dont l'exécrable manie, essentiellement féminine, de vouloir lier amour et sexualité ?
C'est évident, mais qui a envie d'y faire face ?
Mikaël Jackson le fait pour nous de manière aussi magistrale que terrible.
C- Petite plongée dans les arcanes de la trinité dominante :"sexe, innocence et sérial violeurs"
Reprenons. Nos sociétés ont sacralisé l'enfance comme icône de la fragilité, de l'innocence, de la tendresse et de l'amour, dernier moyen d'en préserver l'existence. La préserver de quoi ? Si ce n'est de la puissance marchande, prédatrice et symboliquement "violeuse d'intimité" des représentations dominantes que chacun porte en soi.
Enfant "intouchable" et "obsession pour la perversion sexuelle"
Non assumée cette dualité ne peut que se projeter sur l'extérieur. C'est d'évidence le cas. Les séries policières qui forment le plus gros des distractions télévisuelles sont de plus en plus obsédées par des "monstres sexuels" s'attaquant à des enfants innocents et sans défense…. Souvent de très jeunes filles d'ailleurs, en conformité avec le voyeurisme ambiant.
L'enfant-victime sacrifié au monstre médiatique
Or c'est d'évidence cette même dualité (enfant innocent/monstre médiatique) que les procès retentissants contre Michaël Jackson pour abus sexuel sur mineur ont mis en scène. Démonstration.
La "victime" du premier procès intenté contre Michaël Jackson, Jordan Chandler (13-14 ans), était un ami de ce dernier. Qu'il y ait eu attouchement ou non, en 1993, et bien que relaxé, Michaël Jackson donne 22 millions de dollars à la famille du plaignant (13-14 ans) contre le retrait de la plainte.
De là, à en conclure à sa culpabilité (acheter le silence), le pas fut vite franchi par les médias et "l'esprit du temps" ci-dessus décrit.
Quelle meilleure manière d'étouffer (massivement) la terrible question que cette transaction pose à nos sociétés : la prostitution de l'enfant-victime au monstre médiatique.
Tout d’abord une évidence : pouvoir attaquer une star de telle ampleur sur ce délicat sujet ne peut que rapporter gros. (Bien sûr, il faut pouvoir le faire, cas de la famille Chandler ayant vécu avec Michaël Jackson).
Mais plus radicalement, de deux choses l'une : soit il y a eu, soit il n'y a pas eu abus sexuel. Or, dans les deux cas, c'est la victime désignée par le procès, qui en fait les frais ! En effet :
- Si point d'abus, quoi de plus destructeur pour cet ami de Michaël Jackson que de devoir l'accuser, au profit de ses parents ?
- Si toutefois abus il y avait effectivement eu, le petit Jordan Chandler, n'en aura été jamais été reconnu victime… "On" — parents au premier chef — a traqué le "monstre médiatique Jackson", en "oubliant" la réelle réparation de la victime. Pourquoi ? Pour de l'argent. Est-ce là le choix de parents réellement soucieux de la santé psychique de leur enfant ? Sûrement pas.
Un comble pour un procès de cette nature ! D’ailleurs est-ce à la victime supposée ou au « monstre médiatique » que sont intéressés les médias ?
Même processus dans les séries télévisuelles qui se focalisent sur la traque du sérial violeur (traque d’autant plus héroïques que ses méfaits antérieurs y sont complaisamment étalés, par le biais de cadavres mutilés par exemple). A la fin, sa dernière victime potentielle, miraculeusement sauvée par les traqueurs du monstre, semble n'avoir d'autre rôle que de les glorifier. Motus sur son traumatisme.
Horrible paradoxe d'une société qui faute de faire sienne les valeurs de fragilité, de tendresse et d'innocence, livre en pâture à sa cupidité et à sa haine l'accusé autant que la victime qu'elle est sensée défendre…
L'enfance, un monde par nature "assexué".
Loin du monde des adultes, cela veut dire aussi, loin de cette sexualité ostentatoire dont notre monde ne cesse de faire ses choux gras. Si pratiquement toutes les grandes stars rock ont fait étalage d'une sexualité débridée et tapageuse, rien de tel du côté de Michaël Jackson, au contraire plus que discret à ce sujet.
Bien qu'ayant été accusé par deux fois (et par deux fois acquitté), d'attouchements sexuels sur mineurs — aujourd'hui totalement remises en cause — "on" s'accorde aujourd'hui à penser (ou réaliser ?) qu'au fond Michaël n'était pas porté sur le sexe.
Cette perspective expliquerait en tout cas le caractère proprement poignant du témoignage télévisuel que Michaël Jackson, visiblement très profondément choqué et humilié, fit de l'auscultation "intime" qu'on lui imposa : une sorte de viol institutionnel, dont il ne s'est jamais remis, ni comme personne, ni comme artiste. Ses proches et ses biographes s'accordent sur ce point : il y a un Michaël Jackson d'avant et un Michaël Jackson d'après ce premier procès de 1993. C'est à partir de là, à 37 ans, qu'il commence à s'intoxiquer avec des médicaments anti-stress, au point qu'il devra interrompre sa tournée (Dangerous World Tour), avant de pratiquement se retirer de la scène dès 1996-1997. Le second procès (2003) l'achèvera. Après son acquittement en 2005, Michaël Jackson quitte Neverland, ne supportant plus sa maison violée, et s'enfonce dans l'errance… Jusqu'à la fin tragique qu'on lui connaît.
Michaël Jackson, une star mondiale non portée sur le sexe ?Un adulte assexué ? Ou tout ce qu'il y a de plus banal ? Une bête de scène, mais timide ? Au regard de notre gavage visuel et médiatique de sexe et de puissance quelle offense ! Non ?
Face à l'idôlatrie pour le sexe, une nouvelle tendance : l'a-sexualité.
Sans doute. Mais en cela n'est-il pas aussi le "symptôme" d'une dissidence souterraine ? On doit en tout cas se poser la question : les nouvelles générations tendent à opposer un refus pur et simple de ce sexe pour le sexe qui, parce qu'il l'en évacue, détruit le cœur. Cette réaction porte un nom le "no sex", une "pratique" qui s'est largement répandue au sein la jeunesse occidentale ou occidentalisée…
Et tant mieux si le monde médiatique oppose un motus presque total au phénomène. Car un "scandale" à ce sujet serait un viol de plus…