Pour rappel (cf intro) : le thème de cet article n'est ni Michaël Jackson en tant que tel, ni la société "ordinaire", mais le miroir que le personnage Michaël Jackson tend à notre société médiatiquement orchestrée. (Afin de ne pas submerger ce texte de références je renvoie, pour Michaël Jackson, aux sources exposées en abondance sur le web ; pour le fond, aux œuvres d'Hannah Arendt, Norbert Elias, René Girard, Peter Sloterdijk et Paul Virilio).
Cette partie d'article suit, dans l'ordre, l'introduction et le premier point.
Un visage d'enfant vieux,
terrible reflet du "jeunisme" ambiant.
Un visage qui met très mal à l'aise.
Ce visage est aussi celui de notre société.
Ce visage est celui d'une société qui, depuis une quarantaine d'années et sous la pression des médias dominants de l'image (télé, photo, cinéma), n'accorde de valeur qu'à des corps de plus en plus jeunes, minces, limites maigres, et parfaits.
D'une société qui ne cesse de "corriger" le réel à coup de liftings, de lipo-sucions, de silicone, d'injections, de chirurgie, de chimie, de retouches photographiques, de "positivité", de mensonges et j'en passe.
D'une société où les vieux sont, si l'on grossit le trait, soit riches et "retouchés", soit pauvres et relégués dans des mouroirs à la limite de la décence.
D'une société où il vaut mieux être jeune, joli(e) et esthétiquement "clean" (pas un poil qui dépasse, pas une once de graisse, pas un ongle non contrôlé, cheveux ultratraités, lunettes de soleil, moue adéquate, vous voyez ce que je veux dire ?), que mûr, rond ou esthétiquement décontracté.
Et au diable expérience, compétence, connaissance et sagesse !
Déjouement
La première intervention chirurgicale pratiquée sur le nez de la star a été initialement motivée par le fait qu'il s'était cassé le nez. Une autre a été nécessaire lorsque, suite à un accident de plateau, il se brûla le cuir chevelu au troisième degré. Quant au blanchiment de sa peau, Michaël Jackson n'a cessé d'affirmer qu'il était rendu nécessaire par un vitiligo.
Alors souci esthétique ou nécessité médicale ?
Et bien peu importe, au contraire ! Ouvrons les yeux !
Un visage à l'image de nos dérives bio-sociales
Ce mélange des genres (médecine / esthétique) reflète on ne peut mieux l'emprise récente des bio-techniques sur les esprits : transformer en "problèmes de santé", des "qualités" malvenues.
Convertir nos petits défauts corporels (avoir des gros seins, des ongles striés, des tâches de rousseur, un gros nez, etc.), ou psychiques (être triste, nerveux, hyper-actif, grande gueule, etc…). en véritables "déviances bio-sociales"!
N'est-ce pas à cette dérive proprement "déshumanisante" que nous renvoie le dernier Michaël Jackson ?
Sans aucun doute.