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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 23:13

 

Le froid est revenu. Cet hiver n'en finit pas.
Je sors prendre le courrier et là…. Flûte ! La Caf m'informe que mes allocations sont diminuées (sigle et  diminution vont de pair, vous dis-je). Motif : radiation d'AntiChômDû et réinscription… Donc mon courrier simple et ma visite sur place pour "inscription rétroactive" n'ont eu aucune légitimité. Ou la préposée m'affirmant que ma demande avait bien été prise en compte m'a menti, ou le je-m'en-foutisme ambiant a fait le reste.
Conséquence : allocations diminuées et perte définitive de droits sociaux. Sans RAR ni courrier, ni parole ne tiennent : effet de… quoi ?
 
Tant pis pour moi. Depuis le temps que je le sais, j'aurais dû écrire en RAR, c'est évident.
Enfin, c'est évident…
C'est évident mentalement, par calcul, par défiance.

Mais quid de notre humanité ? Quid de notre capacité de vivre ensemble en bonne intelligence.

Je sais, c'est idiot, la société est ce qu'elle est, personne n'y changera rien, se prendre la tête pour ce genre de choses est pure perte de temps. Zen attitude.

N'empêche, rétorquai-je mentalement à cette Zen attitude tout en attrapant clefs, papiers et blouson — direction la Caf et AntiChômDû — comment vivre bien dans une société où la parole ne tient pas, où il faut sans cesse tout vérifier, tout contrôler ? En passant son temps à faire des RAR et autres démarches du genre jusqu'à l'épuisement ? En faisant l'autruche ? En se repliant ? En bougeant le moins possible ? En baissant les bras ?

D'évidence, c'est ce à quoi on en est arrivé en France : l'immobilisme et le laisser tomber. 
Qui vont d'ailleurs de pair et se renforcent mutuellement, c'est mécanique : plus je me heurte à ces dysfonctionnements plus je suis tentée de baisser les bras, ce qui leur laisse le champ libre. Et plus ils se répandent, moins j'ai la force de m'y opposer. Cercle vicieux.
Vicieux et délétère.

Tout en mettant le moteur en route, pendant un court moment, je me suis vraiment sentie "has been". C'est vrai, aujourd'hui la capacité de faire confiance - de faire simple - est plus une tare qu'une qualité. L'honnêteté aussi d'ailleurs. C'est presque infantile. Quant à la pensée, l'intelligence, la culture, une sorte de superflu…

Sur la route j'ai repensé à ce que, depuis quelques années déjà, ne cesse de répéter une de mes amies : "Les nouvelles générations se foutent de tout. Ils font mal leur boulot, ils n'en ont rien à foutre. Les conséquences, c'est pas leur problème…"

Point de vue trop englobant, évidemment. Mais ne reflète-t-il pas l'impression sourde que dans ce pays, il faut de plus en plus "repasser par derrière" à tous les niveaux ? Que quelque chose s'est profondément, structurellement, déréglé ? 

Comment en sommes nous arrivés là ?
Telle est la question qui, ce matin là, m'a poussée à retourner dans mon laboratoire intérieur.


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10 avril 2009 5 10 /04 /avril /2009 21:21



Depuis que l'huissier a, en direct et sans aucun justificatif, prélevé sur mon compte les 205,70 euros dus à Gaule Pigeons voyageurs près de 10 jours ont passé. Je fais donc le 01.41 pour vérifier que ma ligne est débloquée.
Et bien non ! Bon. Je tape donc 2 pour le service recouvrement.

- Tant que l'huissier ne nous aura pas réglé,  "on" ne peut rien faire Madame.

Ok, j'appelle l'huissier, tombe sur une plate-forme, "on" me rappellera.
Je m'adresse donc à HuisPV

- Tant que l'huissier ne nous aura rien envoyé, Madame…

Re-téléphone à l'huissier.  Re plate-forme. Je n'ai pas lâché, j'ai réitéré l'appel 4 ou 5 fois.
Je tombe sur un monsieur qui m'explique — de ce ton de secrétaire de Président importuné par une gamine de sixième qui semble décidément avoir remplacé les règles élémentaires de la courtoisie dans ce pays – que l'office n'a pas que ça à faire, qu'ils ont des tas de dossiers… talala, talala. Cette sorte de compétition orale à qui est le plus débordé fait à ce point partie du paysage social français, la teneur et le déroulé de ce type de discours sont si prévisibles, que je n'écoute même pas. J'attends simplement que la tirade arrive à sa fin. Et là je glisse :

 - Oui, je sais, j'ai assisté en direct au prélèvement opéré par votre office sur mon compte : 3 secondes.

Un court silence brise miraculeusement l'agressivité de mon interlocuteur. Mais sans doute vexé d'avoir été mouché par les faits, il réussit, ton de secrétaire importuné aidant, un formidable volte-face : "De toute façon on vous a dit 10 jours Madame ! Et dix jours c'est demain, pas aujourd'hui !"
Rabrouée comme une gamine capricieuse et comprenant qu'il n'y aurait rien à tirer de plus d'un individu pris en flagrant délit de mauvaise foi, je le salue (bien bas, histoire de le ramollir pour la suite) et rappelle HuisPV.
Mais, cette fois, au lieu de m'appuyer sur la loi, le droit, les procédures, le respect, etc., j'explique — d'un ton qui frise, mais à peine, il faut savoir doser, la pleurnicherie — que cette histoire risque de me faire perdre mon travail et que je ne sais plus quoi faire (sous-entendu il n'y a que vous qui puissiez me sauver). Et là, miracle.

- Bon. Donnez-moi votre numéro de dossier, et les données bancaires relatives au virement. Je leur envoie un mail tout de suite.

Je me répands en remerciements, insiste un peu sur le "je peux compter sur vous pour le suivi de mon dossier ?", elle me rassure, "oui, Madame, vous pouvez compter sur moi", nous nous saluons. Je raccroche.
Ouf, cet après-midi passée au téléphone, aura peut-être quelque résultat.
Mais grâce à quoi ? A une ruse psychosociologique ?
On en est là, oui.
Pourquoi ?
Il est temps que j'aille faire un tour dans mon laboratoire intérieur. 

 

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4 avril 2009 6 04 /04 /avril /2009 19:18


Après avoir réglé l'huissier directement par téléphone avec ma carte bancaire (une folie "maîtrisée" : le compte utilisé couvrait juste la somme, je ne suis pas totalement, totalement idiote…), et sachant le 01-41 bloqué, je me suis tournée vers le 3333, grâce auquel, selon la publicité Gaule Pigeons Voyageurs, on peut s'informer de et souscrire aux services et forfaits de sa ligne.

"Gaule Pigeons Voyageurs Bonjour ! Bienvenue sur le 3333, l'appel est gratuit" commence une voix (de femme, bien sûr. Et bien sûr enthousiaste et juvénile).

La suite a été tellement cocasse que je vous la livre au ralenti, ponctuée des réactions de mon petit cerveau au fur et à mesure.

"Prononcez le nom du service qui vous intéresse   — le nom du service ? Mais je ne les connais pas, moi, les noms des services !,

ou formulez librement votre demande  — ah ? Bon, d'accord. (Je n'ai cependant pas le temps de réfléchir qu'arrive la suite),

Sinon composez le code du service."  Le code du service ? Quel code ? Pour quel service ?
Mystère et boule de gomme !
Quelque peu désorientée, je flotte.

"Si vous n'appelez pas de chez vous dîtes d'abord "accédez à ma ligne" me précise la voix assez vite.
Sachant mon accès bloqué, je n'en fais rien, tout en me trouvant un peu ridicule. ("Comme si tu pouvais ruser avec un robot !" me suis-je moquée de moi-même).
"Pour découvrir toutes les possibilités du 3333 faites..." je ne sais plus quoi. J'ai une bonne mémoire, mais il ne faut pas exagérer et de toute façon je n'ai nulle envie de perdre du temps à écouter une liste interminable et inutile. (En clair, j'espère encore obtenir un interlocuteur vivant au bout du fil).
"Je ne vous ai pas entendu" recommence alors la voix enthousiaste et juvénile avant de discrètement prendre le ton de papa-maman tentant de ne pas paraître excédé face aux difficultés de comprenette de sa gamine :  "Pouvez vous répéter en parlant devant le combiné et plus fort."
Non.
Comment la voix va-t-elle réagir, cette fois ?

"Prononcez le nom du service qui vous intéresse ou formulez librement votre demande. Sinon composez le code du service", reprend-t-elle comme au début, avant de glisser un petit plus dans la conversation :  "Sachez que le service Factligne vous permet de connaître le détail de votre dernière facture téléphonique. Pour vous y abonner dites oui, sinon dites non."
"Factligne ? C'est payant ou pas ce machin ?" ai-je l'heureuse lucidité de me demander avant d'ouvrir machinalement la bouche comme on serait tenté de le faire suite à un impératif serviable habilement glissé dans une litanie répétitive.
D'ailleurs, ça recommence :
"Prononcez le nom du service qui vous intéresse..."  

Et si je tentais, tiens, "renseignements"? (Ca doit bien faire partie des services de base, un intitulé aussi plat, non ?). Evidemment la voix ne me comprend pas et demande patiemment à la potiche que je suis de répéter plus fort et plus près du combiné.
Alors là ! Je me suis amusée à faire l'E.T : ren-sei-gne-ments ai-je prononcé comme une machine.
Mais ça n'a pas marché non plus : elle n'a pas plus compris ! Quelle sourde ! Du coup j'ai tenté d'autres approches, à moitié folle de rire en m'imaginant filmée. Combien d'autres dans ce pays ont dû s'énerver ou se marrer avec ce truc, j'aimerais bien le savoir !

_________________________

Et ce n'est pas fini ! Une quinzaine de jours plus tard, je refais le 3333 en vue de vérifier le texte ci-dessus dans le détail.

Et là, surprise ! 
"Gaule Pigeons Voyageurs, Bonjour. Bienvenue sur le 3333." Et stop : plus de "cet appel est gratuit" ! Ah bon ! Je vais donc débourser pour traquer les mystères de la voix. Ok. J'attends.

Et hop, deuxième surprise ! 
La voix n'annonce plus du tout un quelconque accès au moindre service ! Au lieu de cela, elle exige d'entrée que l'on décline son identité GPV !
"Prononcez maintenant le numéro de la ligne sur laquelle porte de votre demande, ou composez son numéro à l'aide des touches de votre téléphone", ordonne-t-elle plus enthousiaste et plus juvénile que jamais.
Inutile, ma ligne est toujours bloquée. 
"Je ne vous ai pas entendu" constate-t-elle devant mon silence.
Puis, du ton patient de l'excédée masquant gentiment son agacement: "Donnez moi le numéro de la ligne   sur laquelle porte votre demande, en prononçant les chiffres deux par deux."

Et là,  troisième surprise !
Au lieu de me tancer, elle se la joue encourageante et chaleureuse, style "bravo ma petite, vas-y !"
"
Parlez naturellement sans faire de pause. Je vous  écoute !"
"Quel parent n'a pas usé de ce genre de stratagème devant un enfant récalcitrant ?" me dis-je tout en attendant la suite.
"Apparemment je n'arrive pas à vous comprendre."
Oh, c'est elle qui n'y arrive pas cette fois (enfin apparemment), mais c'est une petite courtoisie qu'on me fait là !
"Je vous propose d'utiliser les touches de votre téléphone."
Je vous propose ?!
Je vous propose et non un impératif du genre "utilisez", "tapez", "dîtes"?
  Ma parole, ils ont embauché un sociologue du langage ! Enfin, d'évidence juste en passant, parce qu'immédiatement le ton revire au "je t'encourage ma petite", ce qui lui permet d'enthousiastes impératifs !
"
Allez y !  Composez les 10 chiffres du numéro de la ligne sur laquelle porte votre demande ! 
En cas d'erreur appuyez sur la touche étoile pour annuler la saisie de votre numéro."

Je me tais encore un petit moment, mais cette fois le disque est vraiment rayé. "Veuillez utiliser les touches de votre téléphone pour composer les 10 chiffres du numéro de la ligne sur laquelle poste votre demande. En cas d'erreur appuyez sur la touche étoile pour annuler la saisie de votre numéro."
Et bis répétita.
J'ai raccroché, mais, je le  sens, la curiosité va me brûler de connaître l'évolution de la voix délirante du 3333…


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27 mars 2009 5 27 /03 /mars /2009 18:35


Suite de l'histoire qui a motivé ce blog : là aussi, c'est un peu long, mais je ne pouvais pas couper au milieu.

Sans nouvelle de l'huissier, et envisageant de déménager à plus ou moins brève échéance, j'appelle Gaule Pigeons Voyageurs pour préparer mon transfert de ligne. " Gaule Pigeons Voyageurs bonjour, cet appel est gratuit depuis une ligne fixe Gaule Pigeons Voyageurs " commence la voix enthousiaste et juvénile. Et soudain, pof : "Nous constatons un impayé de votre part. Pour régler directement par carte bancaire tapez un, pour obtenir le service de recouvrement tapez 2" et... c'est tout.
Plus d'accès aux autres services ! Bon, mais du moins ont-ils "retrouvé" mon dossier, duquel je n'ai aucune nouvelle depuis le 22/01/09, un mois et demi en arrière. Je tape 2.

- Oui, effectivement, vous devez 205,70 euros.

- Ah ! fais-je. J'ai appelé en janvier, personne n'a été à même de me dire à quoi cela correspondait. Mais vous peut-être…

- Non, il faut que vous joigniez HuisPV.

- Qu'est-ce que c'est que ça ?

- Notre service recouvrement Madame ! (Vu le ton, d'évidence je suis ignare de chez ignare).

- Vous ne pouvez vraiment pas me…

- Non, vous devez appeler HuisPV.

-  Vous avez leurs coordonnées ?

- Oui Madame, c'est le xxxxxxx (même ton).

Tandis que je raccroche le doute me prend : n'avais-je pas le choix entre payer par carte bancaire directement ou joindre le service de recouvrement ? Je rappelle. Bis répétita, litanie, pof et  : "Nous constatons un impayé de votre part. Pour régler directement par carte bancaire tapez un." Ce que je fais. À priori je n'ai qu'à suivre les instructions : il m'est tout à fait possible de payer sans du tout savoir pourquoi ! Non merci. Je raccroche, rappelle — bis répétita, litanie, pof — et tape 2 pour le service recouvrement. Je tombe sur une autre personne. Réponse : maintenant que c'est parti chez huissier, c'est à lui que je dois m'adresser. A l'huissier huissier ? Ou à HuisPV ?
"À l'huissier Madame."

Ou c'est moi qui suis complètement déjantée, ou je me heurte à une incohérence totale et totalement opaque. Au choix.
Gardons le fil, ma fille ! Gardons le fil !
J'appelle donc HuisPV. "On" m'y confirme que je dois bien 205, 70 mais qu'"on" ne peut pas me dire à quoi correspond cette somme. Et, qu'évidemment, tant que je n'aurai pas réglé je ne pourrai pas déménager ma ligne. De toute façon, c'est avec l'huissier que je dois résoudre le problème, pas avec HuisPV.

Hallucinant, non ?

Je rappelle donc madame Tonchemin, l'huissier. Réponse : elle ne peut toujours pas me dire de quoi il s'agit. Et pour débloquer ma situation je n'ai qu'une seule solution : soit je paie par chèque et dans 3 semaines un mois mon dossier sera levé, soit je paie par carte bancaire, là, tout de suite, et ce sera fait dans les 10 jours.

- Mais enfin madame, nous n'avons eu qu'un contact téléphonique, je n'ai aucune preuve que vous êtes bien huissier, vous ne pouvez pas me dire à quoi correspond la somme réclamée, et la seule façon de débloquer rapidement mon dossier est de vous transmettre par téléphone le numéro de ma carte bancaire ?

- Oui. Je comprends votre colère, mais je n'y peux rien, c'est comme ça…
J'en reste un moment coite.
Un huissier doit fournir à son client un justificatif de la somme réclamée  ! Nous sommes en pleine illégalité. Si ce n'est pas l'équivalent d'un vol à main armée, ça…

Mais voilà, en télétravail, comment déménager sans téléphone ? Je suis pressée. Je cède.
Bien sûr, j'envoie illico un recommandé avec accusé réception : 5 euros. Puis je rappelle Gaule Pigeons Voyageurs, service recouvrement. J'insiste lourd, lourd pour savoir de quoi il en retourne, ce qui, bien sûr énerve la préposée. Mais, finalement, elle trouve ! (Incroyable, non ? Suffisait d'insister péniblement!) : je n'ai pas résilié mon abonnement précédent, il est donc resté actif jusqu'à ce qu'on me coupe (là-bas) la ligne d'office… ! J'en tombe sur le cul.
Je m'explique : je résilie et ma ligne téléphonique et ma ligne Internet via un service Gaule Pigeons Voyageur intitulé déménagement, qui me permet de rouvrir à ma nouvelle adresse une nouvelle ligne téléphonique et un nouvel abonnement Internet, avec transfert des nouvelles factures sur le même relevé d'identité bancaire. Donc les nouveaux prélèvements se font dans la foulée et Gaule Pigeons voyageurs a mes nouvelles coordonnées  (téléphone et adresse) : la preuve, ma nouvelle ligne est bloquée pour cause d'impayé !

Mais voilà. Je n'ai pas fais de recommandé accusé de réception pour valider ces transferts de manière publiquement vérifiable. Donc je ne les ai pas faits : donc je dois six mois d'abonnement téléphonique et des frais pour impayés.
Ce qui me fâche.
Et la préposée de me répondre : "Si vous n'êtes pas contente, Madame, prenez un avocat ! – Un avocat ? J'en sursaute presque. Vu ce que ça coûte et le temps que le procès prendrait (et sans doute pendant ce temps là, la ligne bloquée) mais qui s'y collerait ? De toute façon c'est de votre faute, il fallait faire un suivi de courrier."

Ah oui ? Et le pack déménagement ? (Pour info, la pub c'est : déménagement de votre installation, Gaule Pigeons Voyageurs s'occupe de tout ! Vous pouvez vérifier). Et le fait que GPV ait mes nouvelles coordonnées ?
Comme j'insiste pour avoir ces factures, j'apprends que je ne les obtiendrai que moyennant 4,99 euros !
Hallucinant de chez hallucinant, non ?
(Plus besoin de fumette dans ce pays...)

Petites remarques : comment cela se fait-il que ma connexion Internet ait déménagé sans problème et pas ma ligne ? Combien de pigeons ne faisant pas de RAR se voient-ils facturés de deux abonnements au lieu d'un ? Ca doit être assez rentable, non ? Et le pire : comment se fait-il que ce contrat baignant d'évidence dans la plus totale illégalité entre Gaule Pigeons Voyageurs et cet huissier soit actif, toléré, existant ? (D'autant que, je précise, l'huissier en question n'est pas une simple société de recouvrement). 

Je suis bien trop petite pour m'attaquer à ce problème. 
Donc j'en reste à mon objectif privé : pouvoir déménager ma ligne.
Point. 

 

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20 mars 2009 5 20 /03 /mars /2009 17:05



"Bonjour me susurre une voix d'hôtesse de l'air à peine terminé le numéro. Bienvenue à la clinique Barchou, un établissement du groupe Yayaya !" Pour un peu je me serais envolée dans les hautes sphères éthérées du grand luxe mondial ! Heureusement une très légère inflexion du ton me ramène à ma condition de citoyen lambda. "Pour accéder  à nos services  tapez sur la touche étoile de votre téléphone." L'ordre est aussi doux qu'imparable, je m'exécute. "Si vous souhaitez joindre un patient tapez un." Ce que je fais, trop heureuse de couper court aux autres "tapez tant". "Tapez maintenant le code d'accès de votre correspondant." Et flûte, je ne l'ai pas. Retour aux "tapez tant" dont je dois me farcir quatre exemplaires identiques (hormis les titres : joindre un patient, maternité, scanner, consultation. enfin, je crois), jusqu'au cinquième qui, ouf !, existe : joindre le standard. Enfin nous y sommes. "Ne quittez pas une opératrice va prendre votre appel" poursuit l'hôtesse." Et là, qu'entends-je ? Une sorte de "clong" ! Juste après, une voix normale (enregistrée, certes, mais qui ne se la joue ni enthousiaste ni juvénile, ni hôtesse, ni rien) me rassure quant à l'objectif aveugle de mes manips : "Vous êtes sur le standard de la clinique Barchou, une opératrice va prendre votre appel." Et… "clong" ! Cette fois, ce bruit de tuyauterie me fait rire.  Nous sommes bel et bien en train de redescendre des hautes sphères éthérées au plancher des vaches ! D'ailleurs la nouvelle voix qui me répète  " vous êtes sur le standard de la clinique Barchou, une opératrice va prendre votre appel", est on ne peut plus normale.
Enfin j'ai mon amie au bout du fil. Elle a passé une nuit épouvantable. Le personnel de garde n'a cessé de faire la fête - éclats de voix, éclats de rire, relents de fumée de cigarettes, bruits de porte toute la nuit - tant pis pour le repos des malades. Résultat, à l'étage au-dessus, pas de personnel. Un patient a appelé toute la nuit en vain… Des employés de 20-25 ans que les remarques rendent agressifs...
" C'est scandaleux,
conclut-elle, d'ailleurs je m'en suis plainte à la direction." Mais le pire, c'est quand, durant la nuit, une aide-soignante est venue fouiller dans son placard. "Tu te rends compte, dans quelle situation d'insécurité on se retrouve ? On est malade, faible, on ne peut pas se défendre, la nuit il n'y a personne, on n'ose pas bouger ! Moi, j'avais prévu le coup, je n'ai rien de valeur ici, mais imagine une mémé ! Ah non, je t'assure, ce pays va vraiment à vau l'eau."

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10 mars 2009 2 10 /03 /mars /2009 16:54


Je reçois ce matin un courrier d'ACD (AntiChômDû) m'annonçant que je suis radiée des listes de demandeurs d'emploi pour motif que je n'aurais pas "actualisé ma situation" — traduction : pointé — le mois précédent. Or, si, je l'ai fait. Mais comme maintenant tout s'effectue par téléphone, quelle preuve en ai-je ? Soupir. La journée commence bien.

Je m'accorde un petit répit, un petit café, une petite rêverie. Mais, c'est trop tard, les voix junéniles et enthousiastes que je redoute d'affronter, me tiennent déjà et s'y glissent.
Je nous vois, tels ces navigateurs antiques, à la merci de ces sirènes d'un nouveau genre. "Le truc, me dis-je, c'est que nous le sommes tous, mais un par un, et sans jamais pouvoir prévoir d'où va venir le prochain coup, ni quand." D'ailleurs, n'est-ce pas ce qui a fait fleurir tous ces courants socio-culturels  prônant du "restez- zen" à tour de bras, depuis quelques années ? Franchement, ça m'énerve. Ces problèmes, ces stress quotidiens, ne sont pas individuels, il sont collectifs : ils sont politiques! Alors  "rester zen" devant  une petite entorse par-ci, une petite entorse par-là,  finalement  c'est faire le jeu du pouvoir.
Un peu affermie, j'attrape le téléphone, tape le numéro, tombe sur une voix enthousiaste et juvénile (de femme, bien sûr) me demandant de taper mon code postal, puis mon identifiant (heureusement j'avais prévu le coup), puis mon code secret, ce que je fais machinalement, m'attendant à devoir me plier, comme d'habitude, au dernier progrès notoire en matière de modernisation d'ACD : au lieu de "tapez 1, tapez 2" etc. -vous connaissez la ritournelle-, "dîtes ceci ou cela" (genre "actualisation", "indemnisation", "mon dossier") avant de reprendre le plus classique "tapez1, tapez 2, tapez 3", que nous subissons tous. Et bien, non ! Surprise ! Une voix d'homme interrompt délicieusement l'assommante litanie. Ça alors !

Sous le choc, saisie par une fulgurante déformation temporelle, je réentends la voix me susurrant " bienvenue sur le serveur du Bipôle AssurEmp". Comment n'avais-je pas noté cette transfiguration soudaine de l'habituel "ACD à votre service" ? Sous le choc, je raccroche, refais le numéro, écoute attentivement.
Aucun doute, c'est bien à l'irruption de l'argent dans l'organisme que la voix masculine doit son exceptionnelle présence. Aux "pauvres", aux "soutiens", aux "chômeurs", aux "enfants", aux "aides à faire les démarches correctement" on associe des voix maternelles. À l'argent et au pouvoir des voix de mecs, de vrais, c'est-à-dire graves.
L'autre jour, en feuilletant chez un copain une revue dédiée à l'Entreprise (vous noterez la majuscule), je tombe sur l'étrange sous-titre " Vers une féminisation de l'entreprise ? " Je n'ai pas pu l'empêcher, c'est sorti tout seul : "Par féminisation, ils entendent maternisation, je suppose, non ?"
"Oui" me répondit mon pote, pris de court.
Et voilà. Je vis dans une société complètement incestueuse. Je traduis : les "petits" (vous, moi) n'arrêtent pas de s'y faire baiser la gueule par les "grands" (les gros organismes), en douce et sans recours possible. Après les dégats, restent les aides sociales...
On a beau se vanter d'être le pays des Droits de l'Homme, aujourd'hui, en France, on vit de plus en plus dans l'arbitraire total.

Bon, mais je dévie. Revenons à mon histoire d'ACD, heu non, de PAE. Je refais donc le numéro une troisième fois, finis par tomber sur une opératrice qui m'explique qu'il faut que je me réinscrive illico (ce qui signifiait, me refaire la litanie une quatrième fois) et que j'envoie dare-dare un courrier à la direction pour contester ma radiation et demander une inscription rétroactive. Un peu énervée je lui fais remarquer que le téléphone étant désormais l'instrument du pointage, il est un peu incohérent de devoir passer par un courrier pour en dénoncer le mauvais fonctionnement, de toute façon incontrôlable pour l'appelant. "Je sais, je sais" a-t--elle l'amabilité de me répondre, sans doute confrontée aux mêmes monstruosités incestueuses que moi. Je raccroche avec ce soupir désormais familier que provoque en moi chaque dose d'impuissance et de fatigue supplémentaire… Croyez-le ou non, j'ai quand même eu le courage de rédiger cette foutue lettre, tout en faisant le téméraire pari de ne pas mettre 5 euros de RAR...
Ouh là, là  ! Pardon  : de recommandé avec accusé de réception !
Non mais c'est fou ce que ce genre de connerie peut épuiser : trois sigles dans le même paragraphe, vous vous rendez compte le rétrécissement linguistique !  Je vous en conjure, méfiez-vous des sigles ! Leur prolifération ne peut qu'aller de pair avec la diminution. Or plus on rapetisse - c'est géométrique : on ne peut voir ni haut ni loin quand on est petit - plus on ratiboise (notamment ce qui élève : l'intelligence, le cœur et les salaires).
"Pas étonnant qu'on ait élu un aussi court sur pattes que Sarkozy, me dis-je sur ce, dans ce contexte un haut sur pattes comme de Gaulle, serait passé pour un grand dadet, genre Averell dans les Dalton."
Rire nerveux. Je viens moi-même, bien qu'involontairement, de contribuer au ratiboisement des statistiques du chômage en France !
...Au prix de tous mes droits (n'étant pas indemnisée, je parle de droits sociaux éventuels, comme les embauches "aidées"). Tout ça pour une défaillance technique incontrôlable. Bravo l'arnaque ! Je n'ose pas penser à tous ceux que ce genre de "bug" prive de leurs allocations...
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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 14:15
L'idée de ce blog m'est venue le 22 janvier 2009. Voici ce qui l'a déclenchée.
Ps : je sais, pour une première page c'est trop long, mais je ne pouvais pas
couper au beau milieu...


- Allô ? Madame Amada ?
- Oui, réponds-je d'une voix plate et légèrement morne pour réfréner d'entrée de jeu l'enthousiasme juvénile suspect de celle qui me parle et dont je ne reconnais pas le timbre. C'est une sorte de réflexe que j'ai acquis au fil des ans. Les voix de ce type cherchent toujours à vous entuber. J'avais raison.
- Voilà, vous devez 205,70 euros à Gaule Pigeons Voyageurs qui m'a chargée de vous poursuivre, poursuit la voix enthousiaste et légère. Je suis huissier de Justice. Madame Tonchemin.
- Ah bon ? M'étonnai-je. Je n'ai pourtant pas souvenir d'un quelconque impayé. Pouvez-vous me dire de quoi il s'agit ?
- Non. Vous devez faire le 0141
- Comment, vous me réclamez des sous sans pouvoir me dire de quoi il s'agit ?
- Je n'y peux rien, c'est Gaule Pigeons Voyageurs. Le dossier qu'ils m'ont envoyé stipule que vous devez les appeler.
- Mais vous avez bien des références, quelque chose ?
- J'ai mon numéro de dossier, mais il ne vous servira à rien, ce n'est pas celui de Gaule Pigeons Voyageurs. C'est le : xxxxxx. Appelez le 0141.
- Bon, fais-je abasourdie.
Et, connement, je m'exécute. Je tape 0141 sur le clavier.
De mon numéro téléphone Internet, évidemment histoire de m'épargner les frais d'une communication inutile. Encore qu'il ne s'agit pas d'un numéro normal. Peut-être est-il taxé me dis-je mollement tandis qu'on décroche.
" Gaule Pigeons Voyageurs bonjour, cet appel est gratuit depuis une ligne fixe Gaule Pigeons Voyageurs " commence une voix enregistrée (de femme je précise) sur fond musical en boucle, tandis que je me demande si je n'aurais pas mieux fait de composer le numéro sur mon téléphone fixe normal. Parce que mon "09" quelque chose, c'est une ligne fixe Gaule Pigeons Voyageurs ou pas ? Je suis abonnée à Jeveufer, pardon PVoyageurs ça a été racheté, donc à priori oui, mais… " Rendez-vous aussi sur PVoyageurs.fr accessible 24h sur 24h pour découvrir nos offres et gérer votre compte" poursuit la voix sur le même ton. Puis (ce qui déclenche chez moi un soupir) "Nous constatons que le temps d'attente est important. Aussi rendez-vous sur PVoyageurs.fr accessible 24h sur 24 pour découvrir nos offres et gérer votre compte. Sinon, merci de patienter, un conseiller va répondre à votre appel." Et ronron-ronron de la forme musicale litanique et lente, un peu hypnotique, qui prend le relais pour me faire patienter. Ça dure assez longtemps, enfin je crois. En fait je n'en sais rien. J'écoute le ronron en essayant de me concentrer sur le temps qu'il fait, parfois je vais me préparer un café ou un thé histoire de ne pas avoir l'impression de me faire voler mon temps. Mon temps de vie.
Soudain, une voix  enthousiaste et juvénile, coupe le ronron. "Jeanne Dubontemps bonjour. Que puis-je faire pour vous ? "
"Jeanne Dubontemps ? Pas mal trouvé" me dis-je, sachant, par expérience, que dans la plupart des hotlines ces noms sont factices.

- Et bien voilà. J'ai reçu un coup de fil d'une personne se présentant comme huissier de justice m'indiquant que je devais 205,70 euros à Gaule Pigeons Voyageurs et que je devais appeler le 0141 pour me mettre en règle.
- Très bien. Votre numéro de téléphone s'il vous plaît ? (Ton virant très discrètement au froid de la secrétaire du Président importunée par une gamine de sixième)
- 04. 42….. réponds-je tout en me demandant pourquoi je n'ai pas donné le "09".
Je n'ai pas le temps de m'en inquiéter d'avantage
- Merci. Votre nom s'il vous plaît ?
- Madame Amada.
- Merci Madame Amada. Jeanne, c'est bien ça ?
Je sais, je ne devrais pas – "c'est normal, c'est pour m'identifier, pour un meilleur service, etc…"- mais ce genre de questionnement en flèche qui dès la seconde réponse vous suggère que l'on sait tout de vous, me met profondément mal à l'aise. C'est indécent, presque humiliant. Devoir dire des choses sur soi à quelqu'un qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam, qui se présente sous un faux nom, et à qui pourtant il faut impérativement répondre pour obtenir l'information dont on a besoin…
- C'est bien ça, lâchai-je abattue.
- Bien. Le numéro de dossier s'il vous plaît ?
- Quel numéro de dossier ?
- Et bien, s'énerve légèrement la voix, celui que vous a fourni l'huissier !
- Mais l'huissier me m'a fourni aucun…
- Mais madame comment voulez-vous que je réponde à votre requête si je n'ai pas le numéro de dossier ! L'huissier a dû vous fournir ce numéro !
- Mais, heu, non, justement. D'après elle, il n'y a aucun numéro de dossier Gaule Pigeons Voyageurs joint au dossier dont elle…
- Mais ce n'est pas possible Madame !
Craignant soudain de devoir tout recommencer — refaire le 0141, me retaper l'interminable attente, une autre "Jeanne Delatour, bonjour"— je pris la voix la plus sophronique possible pour demander si elle pouvait du moins s'assurer que je ne devais rien.
- Si vous voulez Madame (même ton de secrétaire importunée) mais ça ne résoudra pas votre problème avec l'huissier, vous savez !
- Certes, certes, roucoulai-je (tout en me méprisant pour ma soudaine servilité, c'est fou ce qu'on peut tomber bas…), mais du moins saurais-je si je vous dois quelque chose ou non.
- Si vous voulez, Madame. Alors concernant la ligne téléphonique, non. Je n'ai rien. Vous avez un abonnement Internet ?
- Heu, oui…
- Votre compte client s'il vous plaît !
- Heu, c'est-à-dire ? bredouillai-je tout en me dépêchant d'ouvrir le dossier "Notes" sur lequel je note tous les numéros dont je suis socialement affublée, et que je garde précieusement (je sais ce n'est pas prudent) sur le bureau de mon ordinateur, un joli IBook G4,
- Votre numéro de compte client, Madame ! (Ton discrètement exaspéré par une gamine de plus en plus exaspérante).
- Vous voulez dire mon numéro d'enregistrement ? fis-je mine de douter le temps de retrouver le chiffre dans ma liste et ouf ! je le trouvai juste avant qu'elle n'ait pu rembrayer.
"17XXXXXX ?" suggérai-je vite fait.
- C'est ça Madame ! finit-elle par me répondre au bout de quelques secondes à peine, qui, dans le contexte pressé qui était le nôtre, me parurent interminables. Non, Madame, je n'ai aucune dette à votre nom. Vérifiez auprès de l'huissier.
- Ah bien. Merci.
- De rien Madame. En vous souhaitant une bonne journée.
Je n'eus pas le temps de saluer, ça avait raccroché.
Après avoir tourné en rond dans mon 10m2, je décidai de rappeler l'huissier.
- Allô, je suis bien chez madame Tonchemin, huissier ?
- Oui, c'est moi-même ! Que puis-je faire pour vous ? s'enthousiasma juvénilement la voix.
- Et bien voilà, c'est madame Amada, vous m'avez appelée tout à l'heure à propos de 205,70 euros que je devrais à Gaule Pigeons Voyageurs en me disant d'appeler le 0141. Ils me réclament le numéro de dossier Gaule Pige …
- Je ne l'ai pas, coupa-t-elle. Sur ma fiche il y a juste marqué que vous devez appeler le 0141.
- C'est ce que j'ai fait.  A priori, après vérification sur mes comptes, je n'ai aucune dette auprès deux. Et ils ne peuvent pas chercher plus loin, sans le numéro de dossier que, disent-ils, vous devez me fournir.
- Et bien je ne l'ai pas.
- Bon d'accord, mais qu'est-ce que je fais alors ?
- Je ne sais pas. Rappelez-les. Je ne peux rien vous dire de plus.
- Bon… marmonai-je, soudain très lasse.
Et nous nous saluâmes. Je refis le 0141 illico tout en attrapant la bouilloire. "Gaule Pigeons Voyageurs e bonjour, cet appel est gratuit depuis une ligne fixe Gaule Pigeons Voyageurs " commença la ritournelle musicalisée. Et tandis que le combiné coincé contre mon épaule gauche te tentai d'attraper le robinet, le doute me reprit quant à la pertinence d'utiliser le "09" pour ce genre d'appel. Il faudrait que je pose la question.
- Maxime de la Fontaine, à votre service, bonjour ! s'exclama soudain une voix jeune et enjouée. Que puis-je faire pour vous ?
Et le manège recommença, jusqu'à ce qu'il me suggère d'écrire à "la direction de Tourcoing". Moi, écrire à "la direction de Tourcoing", en recommandé accusé de réception cela va sans dire, je connais  la chanson, sinon les lettres n'arrivent jamais à croire qu'ils se sont donné le mot pour faire tourner la Poste ! 5 euros dans les dents pour une dette dont personne ne pouvait me préciser la source ? On se foutait vraiment de ma gueule ! Mais, à mon grand étonnement, je repris ma voix sophronique pour demander s'il était possible que l'on note quelque part que j'avais appelé et pourquoi.
- Je veux bien Madame, mais ça ne servira à rien vous savez !
- D'accord, mais ce que vous pouvez le noter ?
- Si vous voulez Madame, mais ça ne servira à rien vous savez !
- Oui, d'accord, mais vous voulez-bien le noter ?
- Je vous ai dit que oui, Madame, mais ça ne…
- Vous l'avez fait ?
- Puisque je viens de vous le dire Madame, mais..
- Bien, bien. Merci de l'avoir fait. Et puisqu'il n'y a pas moyen d'en savoir plus, je ne vais pas vous retenir plus longtemps.
- À votre service Madame ! En vous souhaitant une bonne journée de la part de Gaule Pigeons Voyageurs!
Bon, ça suffit, me dis-je en me laissant tomber sur une chaise. Je passai négligemment le doigt sur ma souris intégrée pour consulter ma boîte mail. Un bonne dizaine de "Cialis" (ce sont des pubs pour du viagra) et des tas de "Re" du même accabit avaient eut le temps de l'encombrer. Je les sélectionnai pour les décréter indésirables puis m'avisai d'un message intitulé "alerte escroquerie". Comme il m'avait été envoyé par une amie, j'ouvris le mail. Il disait ceci – je vous le jure, je n'invente rien, d'ailleurs, en voici la copie telle quelle (je sais, c'est pas beau, mais ainsi va le net):

CECI N'EST PAS UN HOAX LA TELEVISION A MONTRE MARDI 13 UN REPORTAGE A  CE SUJET
alerte escroquerie ...faire suivre largement
Ce message a pour objet de vous faire partager mon expérience toute
fraîche d'hier et de vous éviter  quelques désagréments...
Dans la journée le "service facturation d'EDF" a essayé de nous
contacter à notre domicile. Le soir venu, je téléphone à EDF (le numéro
se trouve sur vos factures, prix d'un appel local).
Après m'être assurée de ne pas avoir d'arriérés (on ne sait jamais),
je demande à être mise en contact avec un conseiller.
Une personne me répond, et  me demande l'objet de mon appel. Je lui
rétorque que leur service facturation a essayé de nous joindre dans la
journée et que je désirais savoir pourquoi, et là, grande surprise : il
n'y a pas de service facturation chez EDF démarchant téléphoniquement
les clients.
En fait, des commerciaux se faisant passer pour des agents d'EDF mais
travaillant pour la concurrence démarchent les personnes et se
déplacent aussi à leur domicile.
Le but? Obtenir copie de leur facture pour s'approprier leurs
références clients et tout renseignement utile.
Après quoi, leur abonnement est résilié sans qu'elles puissent s'y
opposer et elles se retrouvent chez un autre fournisseur.
Aucun moyen de recours ni pour vous, ni pour EDF, étant donné que
désormais tout se traite par téléphone.
Le pire c'est qu'ensuite, on m'a expliqué qu'il est très difficile de
reprendre un abonnement chez EDF, que cela peut être long et coûteux.
Donc, il faut être prudent, ne rien communiquer (EDF a toutes les
informations) et prévenir un maximum de personnes autour de vous.

Laurence M. CONSEIL GENERAL DE L'AUDE


Evidemment, je pensai immédiatement à ma fameuse huissier que je rappelai sur le champ pour lui répéter qu'il n'y avait rien chez Gaule Pigeons Voyageurs, que c'était quand même incroyable d'être sollicité par téléphone (portable je répète) pour une dette qui n'existait a priori pas, par un huissier dont on ne pouvait d'ailleurs pas plus savoir s'il existait que  les fameux faux démarcheurs EDF. Bien sûr, elle s'offusqua. Mais à part l'adresse qu'elle me donna (je n'ai pas eu le courage d'en vérifier la pertinence. D'ailleurs à partir de quoi ? Le mensonge est légion) quelle preuve avais-je du bien fondé de sa poursuite ? Aucune.
Alors que devais-je faire ? Me fendre d'un recommandé AR auprès de "la direction de Tourcoing" (auquel cas, zut, il faudrait que je refasse le 0141 pour avoir l'adresse précise, me dis-je fatiguée, que je rédige ma lettre, que j'aille faire la queue à la poste, coût 5 euros…) pour mettre fin à une procédure dont je n'avais aucune trace ? Laisser aller, attendre des précisions écrites ?
Je l'ignorais. Mais ma journée était foutue… Et les jours suivants furent teintés d'inquiétude.
Un point de sinistrose de plus - aujourd'hui, mode oblige, il faudrait écrire, "crise"-, je sais, ce n'est presque rien. Mais si nous sommes atteints par millions, quelles conséquences pour l'air ambiant ? Ca va devenir irrespirable dans ce pays ! En tout cas, moi, plus ça va plus j'ai l'impression de vivre dans un système fou sur lequel je n'ai aucune prise. Je me sens impuissante. Et ça me fout le moral à plat.
Que va-t-il encore me tomber sur la tête demain ?

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Présentation

  • : Le blog d'Amada
  • : Un regard ethnologique et artistique sur les dysfonctionnements quotidiens en France, comme par exemple l'emprise dérégulant des hots-lines, les incessantes trangressions des règles, les solutions bloquées par la rigidité idiote des catégories administratives. Bref les raisons de la lassitude et de la passivité politique des Français.
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  • Amada
  • Ethnologue, journaliste, écrivain.
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La "dérégulation", une histoire lointaine ?
 Non. C'est au quotidien qu'elle s'impose !

De nouvelles pratiques sociales — notamment les hot-lines et les centres d'appels, ou l'usage administratif et commercial d'Internet, pour ne parler que d'elles — sont subrepticement devenues sources d'une multitude d'abus de pouvoir relativement invisibles, d'illégalités sourdes, d'arnaques silencieuses.

Ces "minuscules" dysfonctionnements génèrent un "aquabonisme" de plus en plus massif, une lassitude généralisée... Et, en ce domaine, la réalité dépasse souvent la fiction. 
Histoire de faire sauter les langues idiotes qui, bien souvent, soutiennent en choeur les imbécillités, les incohérences et le cynisme ambiant de cette "dérégulation" :

 - Les déboires d'Amada" racontent des faits significatifs. 
 - Le laboratoire d'Amada  présente des esquisses théoriques tirées pour la plupart des premiers (textes déposés). 
- AmadO's blues : un de mes amis s'agace avec moi de la confusion mentale généralisée. Je lui ai ouvert mon blog.
- Les articles Michaël Jackson sont des tentatives pour éclairer certains pans de nos sociétés  médiatiquement orchestrées (textes déposés.).
- Plus quelques notules, quelques textes fondateurs et des liens...

Bonne lecture !

A signaler

Argent, dette, intérêts : ouvrir les yeux !  
A.J.Holbeq: 150 millions par jour pour les seuls intérêts de la dette en France . Faits et chiffres à propos de ce racket
 

Une façon critique jubilatoire de lire le monde : Celle de P. Reymond.

Et vu du ciel astrologique, ça donne quoi ?

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Avril 2011 :Destruction herboristerie, phytothérapie, semences traditionnelles par l'UE.
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